J'adore cette
chanteuse venue d'Éthiopie. Je l'ai découverte par hasard: Kabu
illustrait un reportage radiophonique sur l'Éthiopie. Elle
mélange avec beaucoup de talent et une grande émotion, musique
traditionnelle et instruments électriques.
P.S. (6 mois plus
tard, 22/10/2000): je crois que ce disque est le premier que j'ai
dû présenter. Et bizarrement c'était un de
ceux sur lequel j'avais le moins "écrit". Alors
que c'est certainement un de ceux que j'aime le plus... Ce disque
dégage quelque chose de subtil, d'impalpable notamment
Kabu et Tchewata. Je n'arrive toujours pas à
dire ce que c'est exactement. Peut-être des réminiscences
de mes lectures d'enfance lorsque je lisais Les Secrets de
la Mer Rouge d'Henri de Monfreid... Allez savoir !
Yedi
Gosh
Yaz-oh
Kabu
Kezira
Bati
Tchewata
Eyoha
Bitchengna
Cet album est
antérieur à Kabu présenté juste
avant. La voix est déjà présente,
mais Aster sonne d'ailleur assez différemment. Plus
universel, moins typé. Entre les deux disques, Aster Aweke
change de label puisqu'elle quitte de Sony Music.
Y'a-t-il une relation de cause à effet ?
Donc ici, moins
d'instruments traditionnels hormis dans le très beau
Tizita (Memories).
Une musique
plus électrique, avec baucoup de cuivres mais bien sûr
déjà cette voix si particulière.
Sebebu (My Excuse)
Etitite! (Shivering!)
Tizita (Memories)
Teyim (Sepia)
Selale (Name of a City)
Y'Shebellu (Name of a River)
Fikhr Anesgne (Not Enough Love) Wolela (Love That Grows)
Sengno (Monday)
Il s'agit, à
ma connaissance, du premier album de Mory Kante distribué
en France. Par rapport aux suivants, ce disque "sonne"
de manière plus authentique. Si tant est que l'authenticité
ne soit pas une vision européenne de l'Afrique réelle.
Mais bon, c'est un très bel album, quoiqu'un peu court
(27"52).
Le dernier titre
de disque Nosense (Apartheid) a aujourd'hui un côté
anecdotique historiquement parlant, puisqu'il parle de l'Apartheid
qui régnait alors en Afrique du Sud.
Mory Kante reste
quand même un des premier musicien africain à avoir
réussi avec succès à marier instrument
traditionnel (cora) et musique électrique.
10 Cola Nuts
Kebeno
Kouma
Teri Ya
Lele
Nonsense (Apartheid)
Etrange et
très belle "compilation". Non, ne soyez pas
rebuté par un sous-titre en français (Ambiance
du Sahara) assez ridicule , vous passeriez à côté
d'un disque magnifique. Aussi beau qu'étrange. Sans
oublier le plaisir des yeux. Ces CD présentés
sous un format inhabituel, sont accompagnés par un
livret illustré de quelques belles photographies, assorties
d'un commentaire qui vous apprendra entre autre ce qu'est
la tradition de Jaliya.
Hamza El Din
avec Mwasha débute ce voyage sonore de belle
façon. En s'accompagnant à l'Oud, ce musicien
nubien "virtuose de la musique classique arabe",
à la voix si particulière nous fait pénétrer
en douceur au sein de ce continent si fantasmé(encore
une vision d'européen ?). Oumou
Sangare avec Saa Magni
fait résonner avec le renfort du violine des mélopées
venues du sud du Mali (région du Wassoulou). Et là
encore quelle voix. On ne voudrait que jamais cela ne s'arrête...
Une figure plus connue du grand public, Youssou N'Dour vient
ensuite, par la grâce de Sama Guent Guii,
murmurer à nos oreilles une de ces ballades qu'il affectionne
tant.
Baly Othmani (accompagné ici par le percussionniste
Steve Shehan) appartient au peuple Touareg du sud algérien.
Eilan Akabar Warigazaz lui permet de développer
des thèmes chers à toute musique enracinée
dans une culture ancestrale: tradition orale, caractère
sacré, sentiment d'appartenance à une communauté.
Accompagné par ce curieux insatiable, ce fou de musique
qu'est Ry Cooder, Ali Farka Toure au travers de Diaraby,
jette un pont entre le continent africain et le continent
américain par le biais d'une musique épurée
et aérienne. Nous retrouvons ensuite Aster Aweke avec
Y'shebellu extrait de son album Aster.
Très belle chanson où voix et piano s'unissent
longuement pour le meilleur dans un dépouillement qui
accentue encore la richesse de la voix de cette chanteuse
si particulière. Nous passons ensuite de l'Éthiopie
au Sénégal avec Baaba Maal. Dans Samba,
sa voix chaude et puissante laisse la place au son aigrelet
du hoddu (petit luth). D'un
bond nous passons au Soudan pour retrouver Abdel Gadir Salim.
Tonalité très arabisante pour celui-ci, qui
comme Hamza El Din s'accompagneà l'oud. Almaryood
est pourtant un savoureux mélange de mélopée
arabe avec des phrasés jazzy !
Mahmoud Ahmed, autre musicien éthiopien de cette compilation
avec Aster Aweke, fait rejaillir Ere Mela Mela/Meche Neu
(non je ne connais pas le sens du titre !) avec force cuivre
et rythmique carrée. Arrêt en Gambie pour retrouver
Tata Dindin et sa harpe à 21 cordes au travers de Duniya.
Abou Djouba nous ramène au Sénégal. Toujours
accompagné par le hoddu tenu ici par Amadou Madami
Sy. Tono et Jaarou (CD2) sont des pièces
vocales à deux acteurs (voix et luth) d'une grande
beauté.
Kante Manfila, "voisin" de Baaba Maal, fût
longtemps le compositeur de Salif Keita, tient la guitare
dans é: Agne Anko.
Le marocain Hassan Hakmoun avec Ma'Bud Allah, nous
fait découvrir la tradition du gnawa. Musique importée
au Maroc par les esclaves noirs et qui s'est ensuite répandue
de l'Afrique
occidentale au Soudan. En Mauritanie nous rencontrons Dimi
Mint Abba et sa voix à la tessiture extraordinaire.Ashabab
Yidie Shabab Aldual nous emmène très loin
dans des pays qu'enfant nous avons tous rêvé.
Ou du moins je l'imagine ainsi...
Le Soudan nous offre Abdel Gadir Salim qui avec Umri Ma
Bansa fait musicalement lui aussi la jonction entre l'Afrique
noire et l'Arabie. Nous retrouvons ensuite Ali Farka Touré
cette fois-ci accompagné par Taj Mahal, musicien de
légende. Les deux complices nous servent dans Roucky
un blues que n'aurait pas renié John Lee Hoocker !
Retour en Mauritanie avec l'Ensemble El Moukhadrami. Ceux-ci
comme Dimi Mint Abba, font partie des iggawen (caste des musiciens).
Beyt Bieh reflète de par son chant la beauté
et l'âpreté de ce pays. De nouveau nous passons
en Gambie retrouver Tata Dindin et sa harpe enchanteresse
dans un très beau morceau, Sakhadougou, à
la sérénitéapaisante. Baly Othmani revient
toujours accompagné par le percussionniste Steve Shehan
dans Kel Akalin. L'oud, entre ses mains, est d'une expressivité
absolue et sa voix rehausse encore si besoin était
la magnificence de cette musique. Sali Sidibe, Ntanan
,est comme Oumou Sangare originaire du Mali. Et comme elle,
sa voix mérite toute votre attention. On peut noter
ici, l'emploi de la flûte, adoucissant quelque peu le
son de la violine.
Nous finissons ce "voyage imaginaire" par la Guinée
avec Sona Diabaté (M'boré). Le livret
de cette compilation nous apprend qu'elle fût chanteuse
dans le premier et l'unique groupe féminin africain
"Les Amazones de Guinée". Guitare fluide
et voix à l'unisson font de ce dernier titre une douce
conclusion à ce voyage dans ce qui fût le berceau
de l'humanité. Ne l'oublions pas...
CD1
Hamza El Din / Mwasha
Oumou Sangare / Saa Magni
Youssou N'Dour / Sama Guent Guii
Baly Othmani & Steve Shehan / Eilan Akabar Warigazaz
Ali Farka Toure, Ry Cooder / Diaraby
Aster Aweke / Y'shebellu
Baaba Maal / Samba
Abdel Gadir Salim / Almaryood
Mahmoud Ahmed / Ere Mela Mela/Meche Neu
Tata Dindin / Duniya
Abou Djouba / Tono
Kante Manfila /é: Agne Anko
CD2
Hassan Hakmoun and Adam Rudolph / Ma'Bud Allah
Dimi Mint Abba / Ashabab Yidie Shabab Aldual /
Baaba Maal / Yero Mama
Abdel Gadir Salim / Umri Ma Bansa
Ali Farka Touré & Taj Mahal / Roucky
Ensemble El Moukhadrami / Beyt Bieh
Tata Dindin / Sakhadougou
Baly Othmani & Steve Shehan / Kel Akalin
Sali Sidibe / Ntanan
Abou Djouba / Jaarou
Sona Diabaté / M'boré
Écoutez
quelques extraits de ce disque:
Oumou
Sangare / Saa Magni - 198 ko
Abdel
Gadir Salim / Almaryood - 197 ko
Tata
Dindin / Duniya - 197 ko
Hassan
Hakmoun / Ma'Bud Allah.- 197 ko
Dimi
MintAbba / Ashabab Yidie Shabab Aldual .- 198 ko
Oumou Sangare
c'est une voix de toute beauté, profonde, chaude, un
peu indéfinissable qui vous prend pour ne plus vous
lâcher. Ce chant vous saisit à bras le corps
dans une sorte d'étreinte qui vous emporte ailleurs,
bien loin de votre espace de vie habituel. Sa voix résonne
en moi comme une sorte de reflet d'une face cachée
ou oubliée depuis bien longtemps. C'est ce qui fait
la force d'Oumou Sangare, ces quelques notes projetées
qui paraissent tout à coup indispensables, essentielles.
Cette chanteuse
originaire du Mali (née en 1968 à Bamako) a
commencé sa carrière musicale officielle (elle
chante depuis l'âge de six ans) dès 1986 au sein
d'une formation de percussions traditionnelles malienne, le
groupe Djoliba.
Oumou Sangare est une chanteuse dont la voix ne se contente
pas d'être forte, ces textes le sont tout autant. Elle
chante sur la place des femmes dans la société
africaine, le droit de ces femmes et leurs rapports avec les
hommes. En 1989 elle sort son premier album " Moussolou
(femmes) " (réédité en 1993). Les
thèmes y sont déjà variés, de
l'amour à la place des femmes. Un nouvel album "
Ko Sira " sort en 1993 avec toujours des thèmes
très fort tels que le mariage forcé, la polygamie
(elle déclare qu'enfant elle a beaucoup souffert d'un
mariage polygame) Elle a ainsi ouvert la voix à
d'autres chanteuses maliennes telles que Nahawa Doumbia et
Rokia
Traore.
L'album Worotan sorti en 1996 nous invite à
nous promener dans un Mali revisité par le griot espiègle
et passionnée qu'est Oumou Sangare. Ce voyage nous
le commençons par "Kun Fê Ko"
très beau chant d'inspiration et d'arrangements traditionnels
(dans le bon sens du terme !). On y retrouve cette mélopée
lentement développée, dans un tempo légèrement
déhanché, où le temps qui passe ne semble
compter que de manière accessoire. Et surtout la voix
extraordinairement puissante et expressive d'Oumou Sangare
qui nous parle du caractère incertain de la vie et
du Destin. Pour nous parler de la désertification rurale
au Mali et exhorter les jeunes maliens à retourner
à la terre "qui ne les trahira jamais", "N'Gatu"
adopte un tempo beaucoup plus vif. Le climat est autre, le
violon de Chris Haig et les guitares tenues par Boubacar Diallo
et Baba Salah donnent une coloration plus vive à l'ensemble.
La voix est toujours relayée en contrepoint par un
choeur (Nabintou Diakite et Alima Toure) très présent.
"Baba" suit le même rythme. C'est une
belle chanson d'amour où Oumou Sangare se compare à
une fleur sans parfum sans le père de ses enfants mais
lui demande en même temps de ne pas l'enserrer trop
fort pour la laisser vivre... Les churs, les cordes,
la rythmique, les instruments à vents (orchestrés
par Pee Wee Ellis) poussent encore plus en avant Oumou Sangare
dans une sorte de festin vocal endiablé. La condition
de la femme africaine (où le mariage est une épreuve
d'endurance) est décrite sans fard dans "Worotan"
. Musicalement, les instruments à corde sont mis plus
en relief et bien entendu, toujours cette voix qui n'en finit
pas de monter Et j'adore ces churs ! Quelques
belles notes de guitare introduisent "Denw"
(l'enfant) , morceau assez caractéristique du répertoire
de cette diva: chant traditionnel, churs puissants,
rythmique sans reproche, cuivres percutants et des instruments
à corde aériens pour nous dire qu'en matière
de stérilité, la faute en revient toujours à
la femme. Universalité des préjugés ?
Basidi Keita au Djembé introduit de manière
saisissante "N'Diva Ni" et donne ensuite
toute la mesure du talent de ce percussionniste . Les amateurs
de cet instrument vont être servis. Le contraste est
saisissant entre le rythm)e et la douceur de cette chanson
d'amour qui célèbre la joie d'être Un
en amour."Tièbaw" vient calmer un
peu tout ça quoique il s'agit un plaidoyer vibrant
sur la cause des femmes en Afrique, l'alphabétisation,
la polygamie... La force de cette voix me laisse sans voix
!
Le kamalengoni tenu ici par Kassim Sidibe, cette fameuse harpe
à six cordes, ouvre "Sabu", une de
mes chansons préférées. C'est l'adaptation
d'un très vieux chant du pays Wassoulou, l'histoire
d'un chasseur en lutte avec le démon de la forêt,
le Blisi. J'écouterais pendant des heures Oumou Sangare
me raconter des histoires ou mieux, me les chanter !
Nous retrouvons le kamalengoni en introduction de "Fantan
Ni Môné" (la souffrance du pauvre).
La voix d'Oumou Sangare n'a jamais été aussi
envoûtante. Cuivres et Djembé uvrent de
belle façon avec l'apport conjuguéd'une guitare
et d'une flûte dont la légèretéfait
contrepoids au thème de cette chanson.
Ce fabuleux voyage se termine avec "Djôrôlen"
(angoisse), sur une note curieusement très douce, très
tranquille aussi. L'apaisement que procure la tombée
du jour. Quelque chose se termine, et l'espoir d'un lendemain
nous aide à vaincre nos angoisses nocturnes Du
moins je l'espère car le texte d'Oumou Sangare est
bien plus sombre...
NB: Vous trouverez la contribution de Phil que j'ai reçu le 09 octobre 2005 et qui corrige des petites erreurs, bien involontaires, de ma part :-)
Dans votre page consacrée a Oumou Sangaré vous dites : " L'album Worotan sorti en 1996 nous invite à nous promener dans un Mali revisité par le griot espiègle et passionnée qu'est Oumou Sangare"
Or justement, une des grande particularité d'Oumou Sangare, contrairement à la plupart des chanteuses maliennes, est qu'elle n'est pas griote. Les griots d'ailleurs n'abordent jamais les thèmes présents dans les chansons d'Oumou. D'ailleurs au Mali les griots sont en perpetuel conflit avec les rares artistes non-griots qu'ils jalousent férocement (surtout Oumou)
Plus loin vous dites : Elle a ainsi ouvert la voix à d'autres chanteuses maliennes telles que Nahawa Doumbia
Or Nahawa Doumbia (3 albums à son actif a l'époque) était déja très populaire au Mali quand Oumou enregistra son 1er album...
Qu'appelez-vous violine ? les 2 musiciens d'Oumou qui jouent du violon, jouent : pour le premier, du violon traditionel européen (oui, comme Catherine Lara !!!) c'est lui qui est présent dans les 2 premiers albums. Quand au second ( Zoumana Tereta sur scène et dans le prochain cd prévu en 2006) il joue du violon traditionnel à crin de cheval appelé Sokou dans le sud mali et Njarka dans le nord.
Autre détail : le mot griot à un feminin : griote. (1 seul T sinon c'est la cerise !)
Pour finir, j'étais a Bamako chez Oumou en mai dernier, et je peux vous annoncer, pour avoir assité aux enregistrements de ses nouvelles maquettes, que le prochain album sera un grand cru, avec des nouveautés : rythmes cubains, langue sarakolé ( sur 2 titres ) et également qu'Oumou sera présente sur 1 titre du prochain album solo de Toumani Diabaté (prévu en fevrier).
Merci encore à Phil.
Kun
Fè Ko
N'Guatu
Baba
Worotan
Denw
N'Diya Ni
Tièbaw
Sabu
Fantan Ni Mônè
Djôrôlen